Heidi Ostrowski : En tant qu’enfants, mes sœurs et moi avons participé à des comédies musicales au théâtre royal de Mons : « Pinocchio », « La Belle au Bois dormant », etc. Avec mes sœurs, j’ai déjà eu une expérience du théâtre, de la scène, lorsque j’avais 7 ans. Quand j’étais petite, je m’amusais à mettre en scène ma petite sœur, Naïma. Nous faisions également du solfège, de la musique, nos parents y tenaient beaucoup. Ils étaient tous deux artistes dans l’âme ; ma mère a toujours été passionnée de théâtre, de littérature, de musique et d’écriture ; mon père aimait beaucoup le dessin et la peinture.
J’ai passé mon examen d’entrée à l’INSAS (Institut national supérieur des Arts du spectacle), section cinéma. J’étais très jeune, j’avais 17 ans et je n’ai pas réussi. J’étais un peu déboussolée, je me demandais ce que j’allais faire. J’ai vu alors qu’il existait une possibilité de faire une formation de scénario à l’ULB ( Université libre de Bruxelles, ndlr) avec les frères Dardenne, entre autres. Pour cela, il fallait une candidature préalable (deux ans d’études, ndlr). J’ai choisi de m’inscrire en journalisme, je pensais que cela m’ouvrirait l’esprit, élargirait ma culture générale… Comme les études me plaisaient, j’ai décidé de continuer avec la licence, deux ans de plus. Pendant la licence, j’ai pu prendre des cours en option pour le cinéma. Finalement, j’ai fait en même temps la licence en journalisme et une licence en écriture de scénario. Après cela, j’ai fait un Erasmus (échange interuniversitaire) à Paris, dans ce qui s’appelle « les Arts du spectacle vivant ». C’est ainsi que j’ai rencontré Claude Buchvald, metteur en scène a travaillé avec Valère Novarina (Lettre aux acteurs). Celui-ci prône une grande liberté des acteurs par rapport au texte grâce à la gestion ‘organique’ de leur souffle ; il leur propose de ‘jouer vivant’ en respectant le rythme naturel de leurs riches et libres respirations. Valère Novarina dit : « J'écris par les oreilles. Pour les acteurs pneumatiques. Les points, dans les vieux manuscrits arabes, sont marquée par des soleils respiratoires... Respirez, poumonez ! Poumoner, ça veut pas dire déplacer de l'air, gueuler, se gonfler, mais au contraire avoir une véritable économie respiratoire, user tout l'air qu on prend, tout l'dépenser avant d'en reprendre, aller au bout du souffle, jusqu'à la constriction de l'asphyxie finale du point, du point de la phrase, du poing qu'on a au côté après la course. »
Pour en revenir à Claude Buchvald, j’ai collaboré avec elle en tant qu’assistante à la mise en scène de « Tête d’Or » de Paul Claudel. Rentrée en Belgique, j’ai créé l’asbl Eudaïmon, qui organise entre autres des stages pour enfants. Je suis restée en contact avec les personnes que j’avais rencontrées à Paris, parmi lesquelles un ancien acteur du « Théâtre du soleil » d’Ariane Mnouchkine, devenu metteur en scène, Serge Poncelet. Il m’a engagée comme assistante et j’ai travaillé avec lui sur « Crime et Châtiment » de Dostoïevski. J’ai créé une partie de la bande sonore du spectacle et j’ai été régisseuse du son. Il y avait beaucoup de travail corporel et cela me plaisait. Je réglais avec les acteurs les détails d’expression corporelle et de chorégraphie et je jouais le rôle d’intermédiaire entre eux et le metteur en scène
Ensuite, je suis rentrée en Belgique et j’ai rencontré mon compagnon, Ludovic Romain, créateur sonore, avec qui le coup de foudre n’a pas seulement été amoureux mais aussi artistique. Nous avons commencé à travailler ensemble. Entre autres, nous avons travaillé avec Martine Dessy, peintre. Nous avons créé l’environnement sonore et visuel de son exposition « Diffractions » à la Ferme du Prince, à Jurbise.
La préparation du « Rêve d’un homme ridicule » m’a pris pas mal de temps, car je me suis occupée non seulement de la mise en scène mais aussi de la recherche de fonds. Le projet a pris trois ans de notre temps car nous l’avons créé en 2007, puis rejoué en 2008 au Centre culturel d’Etterbeek. Ensuite, le spectacle a tourné en Communauté française (de Belgique, ndlr) en 2009-2010. Les démarches administratives étaient longues. En février, après la dernière, nous nous sommes dit qu’il était temps de passer à autre chose, sauf si quelqu’un nous redemande le spectacle. Mais, personnellement, je ne fais plus de démarches pour le présenter à nouveau.