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Lèse-Art Re-Mue

RE-MUE revue littéraire des lézards en mutation permanente.

Chaque mois, RE-MUE donne la parole à un nouvel invité

  N °15
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La Belgique, sa carte et ses territoires. Ses gonds courts.

    

 

 

 

 




La Belgique, sa carte et ses territoires. Ses gonds courts.
Il ne faut pas grand-chose, à l’heure actuelle, pour que le Belge sorte de ses gonds, qui ont été de plus en plus rabotés au fur et à mesure que les politiciens se claquent la porte au nez.
Survolté, il est, le Belge, rien qu’à survoler du regard la carte de ses territoires : une capitale qui s’étouffe dans son corset trop serré (et le délaçage n’est pas pour demain – ni pour vos mains) ainsi que des régions  et des communautés qui tantôt s’attirent et tantôt se repoussent, aimants à la polarité sporadiquement inversée.
Et ne voilà-t-il pas qu’on lui annonce subitement à ce pauvre Nervien/Ménapien/Eburon/Trévire, bref, à ce brave Belge pure souche, qu’il compte sur son territoire (ou plutôt qu’un sociologue réputé a compté pour lui) 638.000 musulmans au lieu des 400.000 auquel il s’était, bon gré mal gré, habitué. Le petit pays, déjà en passe de devenir un Etat balkanique, se sent devenir volcanique et proche de l’éruption.
Car les musulmans, aux belges, ça leur refile des boutons, tout comme les Flamands donnent de l’eczéma à certains Wallons qui, à leur tour, refilent de l’urticaire aux néerlandophones, par-delà la frontière linguistique… Du coup, ça chatouille et ça gratouille un peu partout, en Belgique.
A tel point que nous avons mis notre gouvernement en quarantaine depuis plus de six mois, le croyant infesté de parasites, poux, puces ou morpions, sortes d’affaires courantes, croûtantes et coûtantes, rampantes, suçantes et tressautantes, qui se traitent tant bien que mal ad interim.
En attendant le remède (une potion sans doute amère), les Belges se grattent individuellement, mutuellement et réciproquement, histoire de soulager l’irritation croissante. On s’égratigne au passage, c’est inévitable. Il arrive même qu’on se fasse quelques écorchures. Jusqu’à présent, les bobos et vexations ne restent qu’épidermiques mais les petites blessures d’amour-propre pourraient bien s’infecter, suppurer, se gangréner, si elles venaient à être contaminées par les virus de la haine communautaire, raciale, ethnique et culturelle.
Sous couvert de faire de l’humour, on se balance, par médias interposés, des insultes qu’il serait malvenu de prendre au premier degré. Mais, même à la deuxième lecture, elles restent toujours des insultes… tout comme le vide vertigineux de l’univers houellebecquien reste toujours aussi vide, en dépit des efforts de l’écrivain pour le meubler de mépris pour autrui et de dépression chronique.
Pour lire Houellebecq, il ne faut pas avoir peur du noir.
Pour s’aventurer dans les dédales de la cartographie belge, il ne faut pas redouter le brouillard.

Jo Hubert.