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Lèse-Art Re-Mue

Patrick Fraselle  

  N °12

 

 

 

Hommage de Patrick FRASELLE à Jacques IZOARD publié en août 2007 aux éditions Boumboumtralala dans le recueil "Au tour de Jacques Izoard", oeuvre collective d'auteurs

 

Hommage à Jacky Zooart

 

Jacques Izoard a un petit train dans la tête. Des wagons de bois-forêt tirés par la loco de Gabin dans La Bête Humaine. Noir de la tête aux pieds comme la bleue houille, il fait parfois un point d'arrêt : le temps de refaire le plein de mots-charbons qui crament la virginité hypocrite du plus prétentieux des dictionnaires. Ou, il matérialise l'indécence d'une virgule. Avant de changer de corps ce train se cachait dans le grenier de la maison qui part en pétales. Ainsi, l'archive de l'enfant se gourait de marée. Magic Zonard à tout l'entrain du mot qu'il veut mais ces mots-là ne sont pas du bleuet d'Arlequine pour midinette en mal de coquelicot. Il sait viser n'importe quelle lettre et l'éclater comme un oeuf avec sa flèche en plume. C'est le cœur à la croisée du message à niveau. Ce poète tire les sons de la mine comme la terre régurgite son blé. Egare-toi si t'es pas content. Il collectionne les fourmis en comptant les chiens qui tournent la tête si l'aile de la mouche crisse. Les chats miaulent de l'herbe. Il est toqué. Jack qui zooarde est un insecte de vie. Il est toqué du beau. Zozo de l'art. Zinzin des chemins. Zoumzoum des ratatouilles. Jack y Looza, c'est l'espagnol de la moto du verbe. Sa poésie copule. Etre, ce ver luisant qui désserre la lippe quand les poiriers tombent... alors, Jacques maudit l'ecclésiaste autant que son missel lavé de mots sans hémorroïdes. Jacques est. Jacques c'est un grand verre de lait qui goûte l'herbe de la vache qui broute la vie. Pour déjeuner, on boit ces mots d'une traite; puis, l'on rote des phonèmes ! Jacques, c'est le Schtroumf bleu à lunettes qui ne peut pas grandir; car, trop grand, l'on ne voit plus les coccinelles qui prennent leurs bains au pied des forêts. La vérité du nez est dans l'humus de bouse des coléoptères, non dans le gras de nuque des couronnes de Rome. Jacques Isoloir sale bien seul au fond de sa gorge le lard de sa langue à mots : rouges, bleus ou noirs comme les hauts fourneaux qui vomissent la force transformée émanant des entrailles du terroir caché. Que chacun féconde son propre courage ! Que chacun lèche le cul tiède des alluvions en pleurant l'ivresse du vivre ! Père au poing, c'est jeux de main, jeux certains... La mer a peur de fracasser son ultime vague d'un ressac qui use la dune. Le verbe naître unit ces deux symboles... Jacques acère et lacère. Vin rouge au poing, ce sont les menstrues de la terre dans le creux de sa propre audace. Jack Leloubard, c'est le Schtroumf à lunettes bleues qui ne veut pas visiter la Mongolie du haut, fière qu'il est de sa racine éclatée de radicelles qui s'abreuve dans la Meuse. Jacques a compris tout petit que l'amour était proche de la boue des fermes : une poule picore, un chameau chie, une feuille crie, un oiseau se lave. Les yeux coincés dans le bas de ses verres à cailloux, Jacques sait que les saisons sont comme nos âmes, chacune d'elle en crache une autre... Jacques parle tout bas et, il range ses tableaux dans la remise pour y penser sans les voir. Jacques, c'est un zoo de mots, un taffetas d'élytres jugulant la mite, une pléiade d'antennes de sauterelles à lui tout seul. Quelquefois, je le vois réparant la patte d'Arachnée pour mieux écrire sur la séparation des choses; au poing, vingt gouttes rouges de sang pour nourrir demain... Ses mots c'est l'or de la pluie. Ses livres du Tirlemont d'émotion... 

 

Patrick Fraselle, Liège, fin juin, début juillet 2002


 

 

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