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Lèse-Art Re-Mue

Le doigt dans l'encre-nage

  N °9

 

 

 

 

D’après une photo du tableau « Sans titre » par Anny Servais in « Regard dans l’art hors normes  ».   (Expo à l’orangerie du château de Seneffe).

 

 

Je suis parfois pris par des pensées
qu’on pourrait qualifier de peu communes
si pas bizarres, ou même étranges .

Cela se double parfois,
ou se triple,
se démultiplie en sensations
que d‘aucuns pourraient se risquer à décrire
comme peu communes, étranges,
ou même

bizarres.

Bizarre,
la bise de l’art en hiver :
c’est une froide bise,
qui souffle dans les orgues
de mes temples déserts .

Bis art,
 l’art double d’adouber
ma  persona ,
mes personnages
qui cherchent ,
parfois l’un ,
parfois l’autre ,
à prendre parti de telle situation,
pour s’imposer 
ou me jouer des tours .

Les fameux insectes
parfois rampent sous ma peau
y creusent des sillons
et  provoquent en moi
d’étranges sensations :

Creux, vides, boudinages,
Gonflements, sifflements,
Bourdonnements -
bourre, donne m’en-

dans mes oreilles polyphoniques.

Lors,
effacent les ors du matin
tout miroir
et rehaussent le gris
de pans entiers
des costumes
de mon existence,
assez solitaire ,
sots, lit taire !,
∑omme toute.

Fugace
s’échappe mon sourire,

qui

pour un oui,
pour un non ,

souvent pour un rien

  • dirait-on –

se fige
entre mes oreilles
qu’étire quelque  perce-oreilles .

Des poux de bois strient mon foie ,
des  scolopendres font pis que pendre,

Les scarabées restent bouche bée, 
les cloportes claquent les portes 
surtout la nuit ,

ou plutôt ,
au fil 
de mes nuits blanches.

Mes yeux
sont très asymétriques,
ainsi
les triques
mieux peuvent m’étriper,

dans un monde étriqué
qu’aucune équerre
ne trie.

Rien que :
des trucs, du suc,
du stuc, des tiques ,
du toc

….  jusqu’à l’estocade finale ?

Philippe C. Bauduin

 

 

 

Anny Servais

 

 

 

 

 

 

EMMA NEE BLANDIN.

 

 

Emma née Blandin dite Mimi la frisette, dite parfois la cruelle  et parfois fleur de sang. Son nom m'échappe. Corsaire femme, tricoteuse, belle dans les flammes. Et moi toute la journée à écouter du Guns and Roses. "Tu aurais mieux à faire" dit-elle puis se recroquevillant sur elle même soupire "Que Dieu nous aide". Mais lui aussi doit en avoir plein le dos et rêve de laisser son tablier au clou  sauf si bien sûr il est cruel et espère qu'une de plus se rende sous la terre. Car sur ce point il n'a pas trop de souci à se faire. A part lui-même on n'en a vu revenir un jour, même Lazare a fini par se faire la belle.  On a beau naître complet avec yeux, nez, bouche, oreilles, la barque qui nous emportera est déjà au fond du paysage avec dessus un matelot qui gueule : "Soyez prêts" s'adressant à  Emma née Blandin dite Mimi la frisette, dite parfois la cruelle, fleur de sang, cachée derrière la fenêtre.
Visage maigre, enflammé. Mais parfois se dandine au soleil. Puis retourne chez elle quittant les fougères et le passage des Craintes. Elle revient à petits pas pour s'en éloigner et rouler une cigarette. Un chien aboie, sa caravane passe. Si elle rencontre un loup elle ne lui parle pas. Toujours s'appelant Emma née Blandin, dite Mimi la frisette ou encore la cruelle, la fleur de sang au visage maigre, maigre mais enflammé. Ne mangeant, ne buvant que sur sa toile cirée. Mégère ou fée du logis là n'est plus le problème. Levant la cuisse même lorsqu'elle n'est pas légère. Fiancée fut. Ainsi fut fait. Croyant avec peine un tel bonheur. Sans que dieu l'aide. Emma née Blandin, dite Mimi la frisette, dite la cruelle, la fleur de sang. L'enfant qu'elle a eu fut coupé en deux. L'un à ses devoirs, l'autre roulé dans ses rêves. Ecoutant Guns et Roses pour tout oublier.

 

Jean-Paul Gavard-Perret.

 

Boris Eloi

 

 

 

 

 

 

 

La gerbe des vainqueurs
 peut donner la nausée
 Si je l'avoue
 je voue le temps
dénouement dénué
 
 La touche ment
Là où l’étau
 dessert.
 Désaccordée.

 

                                                                                                       Jacqueline Fischer

 

                                 Jacqueline Fischer

 

 

 

 

 

 

Les beaux jours arrivèrent


Les beaux jours arrivèrent
doucement
évaporant le froid.
Les recroquevillés s'étirant
incendièrent, ventre creux,
leurs paillasses de carton
puis vinrent alimenter
le cours grossissant de la rue.
Ce fut une éclosion
il en venait de toute part
et de mémoire de fleuve
de crue similaire
on ne connut point.
Les rues se mirent à enfler
inondant les places
les boulevards
d'une marée humaine colorée
souriante.
Partout déjà
les mollah, les molosses
les seigneurs de la pub
et les princes du négoce
s'étaient éclipsés.
Les faux philosophes
et les prêcheurs se turent.
Brongniart déserté
s'écroulait, les banques
s'éteignirent.
Toi
Triomphale
toute à l'ivresse de ces heures
tu accourus vers moi
dégrafant ta chemise.
C'est là,
à cet instant précis
que mon réveil sonna.

                                                                             Loran (Laurent Chaineux).

 

 

Rachel Menchior

 

 

 

 

LE GOUVERNEMENT OCCULTE.

 

Migraine rose.


Des garçons endormis loin des récepteurs à vif
examinent les arbres un à un.
Numérotation nocturne de la langue.

Dans la vitesse accrue des effectifs
vers les anges sibyllins
une cargaison d’enfants lévite
en secret
dans une magie d’eau pure.
Inondés d’aluminium
ils ferment le sas.

Les correspondants fichés sortent de la zone d’ombre.

Il y a des retards dans le courrier
les appels syncopés des sirènes arrêtent
les tueurs en manches courtes.

Les maisons deviennent noires
et les doigts craquent comme des sépultures d’oiseaux.
Il y a des « choses » qui arrivent
avec le vent
un ouvrier examine la dernière pucelle.

Les légions sont forcées
et les caravanes de cire s’endorment
dans la chaleur du métal
un militant arrache
un cordon ombilical et se pend !

Les yeux s’accommodent enfin de la scintigraphie
et découvrent les sinistres chapelles
d’où sortent
des rires chevaliers.
Une stridence lumineuse
parcourt le ciel
et l’Egypte est coupée en deux !

Des troupeaux de forces
se constituent et mélangent leurs miels.
Les objectifs tombent à longue portée.
Les renards se raidissent dans leurs couvertures d’acier et
dans les écoles incendiées
les derniers voleurs d’enfants débranchent les ordinateurs
puis se glissent dans les crevasses.

Ailleurs il gèle enfin.
                                                                                                                            

Robert Varlez.

 

Robert Varlez

 

 

 

 

 

 

 

Délires oulipiens sur des textes de poètes sérieux : variations sur Le Corbeau et Le Renard de Jean de Lafontaine


 
(Très difficile : avec la voyelle"i" et "y")


Li Titi y li Tigri


Li Titi sitting in li simmit di l'if
Tint in is bic li p'tit Swiss
Li Tigri sinti l'frichti di si bills nirins
Lwi dit si bi disk :


"Hi, Miss il Titi
ki bi min di princ, ki bi min di rwi
Sin mi trimpi, vis bi vwi is i tip
di hit piridi di Brixillis
Si li trililiiiiiiiiiii di cd is issi in lif
Vis is l'ibis di li ifs di si bi bwi"


Li titi divint li nircis
Y tchinti li Mirsillis with i bwitifil lingwig
Li p'tit Swiss fi li ski pirmis li firmis


Li Tigri li mingi, y dit :
"Mi p'tit Titi
Ti si bin ki li nircis
Y pwirdi divin si ki dit :
"Ki bi min di princ, ki bi min di rwi"
Li Titi difi s'dit ki j'y swi biti
D'ji fri pi li trilili in bis
Pwi i fi li minchi pir i niw p'tit Swiss
ki il ichti chi li bitik ki ivri
jwir y nit"


(D'abord facile, sans grand risque : avec les voyelles "a", "e", "i", "o", "u"
dans le désordre)


La Corneille et le Sauvage


Missis Corneille, bien calée en son bois
Avait in si boc la mozzarelle
Sieur Sauvage, par la schlingue appâté
Lui tartine un peu ces mots-là :


"Hello ! Salut Missis d'la Corneille
Ma qué bê meuf, ké look d'enfer à gaufres,
Ké bê nana to plein !
No blala, si ton cd en live cuicuitik
se rapporte à ton veston à tétons
T'es au top in des magazines à gazelles"


A ce dico li Corneille rit comme benêt des nues
Pi chanta la Traviata à loubards des bois
La mozzarelle fit du ski, parmi les limaces


Sieur Sauvage la flaira tomatée basilic pi jasa :
« Gentille Missis,
Savez que tout blablateur fait l'marché sur autrui
L'apprentissage égale un produit dérivé lait
Li Corneille to penaude se gratta l'tête à s'patte
Se dit : « J'vas refaire des courses chez Aldi »

 


Patrick Fraselle.