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TITRE
Catalpas
...On voulait dire, autour, lieu, moment, chemin, abrupt, ruine d'arbres, branches, silencieuses, rageuses. On voudrait chuchoter, être à cet entre lieu, on s'y penche, on respire, vieille neige, tâche le dimanche, ciel, encre où commence le vent. On voudrait murmures, horizon, insatiable, braise, corbeille, poussière en parure. Tout se met en jeu, être en état et se défaire de soi, faire rupture et se faire rupture. Tout est mis en jeu, en relation, dans l'entrain de tracer sa propre échappée, sa propre traversée, sa propre sortie, ce moment chaotique, incertain. L'on voudrait que cela prenne tantôt pied tantôt le perde, en cavale, en bordure, en désir, en survie, en possible, en ouvert.
On voulait dire, l'être en vivant, en expédition, en tribu, sans trajectoire, sans mesure, déjouer les filages, les maillages. En lui, tribu éberluée, diffuse, fuse, souveraine, soudaine à faire sursauter les dieux.
Qu'est ce que donc ce qu'on veut dire ou effleurer, approcher, respirer, regarder? Un éclair tout en instant, tout en flamme, tout en plein cœur d'aussi fragile manque. Mais on entend encore, on voit, on sourd, on dort, on rassemble avant d'y avoir même songer, là à saisir, on s'en écarte, d'un pan à l'autre, désormais toute figure nous prend ci et là sans pouvoir nous saisir ou ne saisir que des bribes immédiates.
Tout le monde est dans tout le monde, d'enfance, d'histoire, de chemin, de côte à côte, tous ces êtres et choses comme pour éclore, comme pour faiblement toucher à la distance qui nous sépare du jour et de la nuit.
A l'aube, un frémissement, un papier blanc ou une aile pliée d'un oiseau migrateur, il s'agit d'un spasme, d'une convulsion, une contraction ou quelques chose de ce genre, désormais, chaque moment passe au travers des tamis d'absences, au travers la lie d'exister. Le tout empli tout et ce n'est qu'une parenthèse. Le vent erre dans le vent. L'ombre douillette des chemins balaie les visages que l'on voudrait présents.
L'on voudrait refaire la syntaxe de toute lumière, la géographie des pierres. Il y a foule, il y a forme autour de ce qui nous abandonne. il y a désinence, visages, ombres, murmures, chambre, écritures, plumes, voix, rues, vides, l'oblique des briques, le large du chaos...
Volatiles audaces, la capture de l'entour, de l'en dedans, du dehors, désir et germe furtive, d'un bref voyages ou multiples chemins quand tous les possibles sont graves, rieurs, surtout, plus légers, moins frais. Luire au bout de je ne sais quel mystère, là où on voit, en pleine vue, en pleine couleur où frémissent des brisées de silences, des fatigues en monticules et des longues saisons sans formes.
Surtout au petit jour, au bout, sans y croire lorsque on abandonne sa tête lasse, son corps défait et les mains, si traîtres, invalident le possible, œuvrent aux désastres des naissances, aux courbes énigmatiques des arbres et dévastent les géométries des absences.
En rameaux, en dépit de la trahison des fleurs et des touffes d'herbe, les oiseaux migrateurs sont là, apaisés, sans l'accalmie des horizons.....
Tarek Essaker
Liège |