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Lèse-Art Re-Mue

Le doigt dans l'encre-nage

Avec des textes de : Sam Gave, Laurent Chaineux, Gaël Pietquin, Patrick Fraselle, Jacqueline Fischer .

  N °13

 

 

 

 

J' avais dessiné une guillotine
Sur la porte d' entrée
Et un grand trou noir
Où j' avais écrit:
"Que les emmerdeurs
Mettent la tête dans le trou"

Tous les jours des têtes tombaient
Les faces de rat m'encombraient
Je donnais les yeux 
Aux chats du quartier
Et les cheveux à la concierge
Pour qu'elle s' les colle sur la tête

Un soir d'été une beauté du sud
Me tira du lit
Elle appréciait peu la paléontologie
Et fit le vide dans l'appart'
Elle balançait des fesses
En piétinant mes récitals d' Heifetz
Vidait le frigo, le bar
Le garde manger
Et mettait le feu aux draps
En attendant les pompiers

Un soir je perdis les clés de l'appart'
Et je sonnai tout' la nuit
La meuf ivre morte
Me laissa à la porte
La concierge vint finalement à mon secours
- Mais passez donc la tête dans l' trou,
Hurla-t- elle

Exaspéré je m'exécutai
Quand la fille se réveilla deux jours après
Elle balança indifférente
Un grand coup d' savate
Dans ma tête idiote
Qui gisait derrière la porte

 

                               Sam Gave


                                 extrait du recueil "Je n'ai de libre que ma chute" tome 2

 

 

 

 

Boris Eloi Dutilleul

 

 

 

 

 

 

J’expire à Guernesey.

Lésia ! J'expire à Guernesey
des mots crapauds privés de sens,
Chantant aux mules amusées
De jolis souvenirs d'en France,
Quand ton sein cloué sur mon coeur
Poussait la marée salicole
aux pages de mon livre d'heures.
La mémoire peut être est frivole,
A Divona ou Guernesey...
Sans toi, l'exil c'est n'importe où,
Mon âme à ton coeur épousée
Victor te cherche comme un fou
Et guère ne sais si tu fus mienne
A Divona ou Guernesey.
Dans l'ombre tendre de Julienne
e
Le sable coule à marée basse
mes doigts démaquillant tes yeux
Petite fille tu te délasses
Aux heures blanches de nos jeux
Où la tendresse te trahit
Quand tu voudrais tout croire fini
Et que j'implore que le temps cesse.

 

Et que j'implore que le temps cesse.

                                                                                    Loran  (Laurent Chaineux).

 

 

 

Jacqueline Lomgchamp

 

 

 

 

 

 

 

La syllabe inconnue s’incline
Et saisit l’amertume de l’ortie

Qui jouit à l’automne
Détendue en devine

On ne sait quelle…

Bestialité faite à l’insu
Ni quelle escorte coule

Entre

Ses linteaux de lait
Presque la tue…

 

 

 

Peau

compose

dès que l’
on y pose

un pied

 

 

 

Gaël Pietquin, septembre 2010

 

 

 

 

Robert Varlez

 

 

 

 

 

 

1.
Temps sablier défonce
planètes, étoiles, comètes errantes,
trous noirs, grains sablés rêches,
globules de l’espace...
sang clos de ventre...
Gouttes déflorées ou mensuelles,
perpétuelles s’écoutent perles :
musique séminale
Ennui de désir éclate
Vagin goyave, fruit d’un silence
Cris pénétrés, fixés, d’un tempo
de vierge est aussi le râle
de l’univers quand il se débarrasse
de sa gangue d’origine
Vie fanfreluche
surgit d’un même trou,
géant, gémissant,
béant, désaltérant
simple grumeau
du même kaléidoscope
Espace, clitoris du mouvement

 

2.
Je vais lécher ta salive
si tu me penches un sourire
puisque mon cœur trop plein de mie
est bousculé comme un apôtre farfelu

 

Patrick Fraselle,
2 extraits du recueil
« Traire la langue et boire »

 

 

 

 

Jipé Corre

 

 

 

 

 

 

STATUE QUO HANTEE

Gente dame
 Lémure de soi(e)
 emmurée

Fente femme
A son entrejambe
 Vouée

 Feinte flamme
 envol de glace
 Vaporisée
 Statue quo hantée.

                                                                                                 Jacqueline Fischer

 

 

 

Jacqueline Fischer