C'en est fini de la culture, elle prend l’eau. Et dire que quelques utopistes l’avaient rêvée insubmersible et même étanche, imperméable aux influences… La culture fuit et on la fuit. Les réparations de fortune n’ont pas empêché le Titanic de.
Naufrage.
La culture prend l’o. Deviendra-t-elle coulture ou cultoure ? Ou pire encore, occulture ?
Déjà le conceptuel lui colle au cul, à la coultoure, il croit en avoir fait le tour, viol frontal ou sodomie plus ou moins consentante.
Une épluchure, est-ce que ça couine ? Et si, de la coultoure, il ne restait que l’éplouchoure ? Tout chouravé là-dedans, ils ont, les ravageurs, c’est devenu tout creux à l’intérieur. La culture ? Une coque vide, pillée par les croqueurs avides, les avidas dollars de l’art. Des rustines ? Des sparadraps ? Pour empêcher quoi, mes saigneurs ? La culture se meurt, exsangue, phtisique galopamment.
Zéro de loterie, la culture, quand l’artiste en est réduit à la portion congrue, à sucer ses noyaux, à bouffer ses boyaux ou à ronger ses os, juste pour que l’art vive.
Donc, les rafistolages, pompeux discours et vains bavardages, ça sert à quoi ? A juguler l’hémorragie ? A éponger l’inondation ?
Il est trop tard.
Je te divise, je te suture, je t’aseptise, je te muselle, je te stérilise, je te vasectomise et puis j’attends le résultat. Comment, neuf mois passés en résidence sur le radeau de la méduse et la culture n’aurait pas encore accouché ? Une parade : les restrictions ! Il faut sabrer dans les subsides, affamer tous ces bons à rien, ces mécréants, tous ces profiteurs du système, ces parasites inutiles qui piquent les endroits sensibles pour inoculer le venin de l’insoumission _ Maudits artistes, pauvres artristes, surnageant à grand peine parmi les débris dérisoires de leur vieux rafiot disloqué.
La culture prend l’eau ? Qu’elle prenne aussi le bas, les bas-côtés, les bavoirs et les bavarois, les bâbords et les tribords, les bastingages, les bas-morceaux, les bavardages, les babas-cool, tout le bazar…
La culture prend l’eau ? Tant mieux ! Qu’elle la prenne pour de bon. Qu’elle fasse sienne les eaux vives et puis aussi les lacs et les étangs, canards compris. Qu’elle fasse siens les océans avec leurs marées noires et leurs mariées en blanc, tous leurs immigrés clandestins qui sont les enfants du destin… Quand la culture aura pris l’eau, quand elle aura pris TOUTE l’eau, ils seront beaux, les matelots, qui croient gouverner le navire...
Jo Hubert.
|